Généralisons l'enseignement du catalan en Catalogne Nord avec les filières bilingues
                                            
                                            
                                                
                                                                                                (07-08-2025)
                                            
                                            
                                         
                                          Malgré la baisse du nombre de locuteurs catalans, la Catalogne Nord continue de revendiquer son identité catalane, et les initiatives en faveur de sa pleine récupération se multiplient. Je vais en citer quelques-unes et partager mon analyse : toutes ces initiatives sont vitales, mais la sauvegarde de notre identité se passe inévitablement par la généralisation de l’enseignement du catalan.
Ces dernières semaines, de nombreuses initiatives variées et originales ont vu le jour en faveur de la langue catalane en Catalogne Nord. Ce qui m’a poussé à écrire cet article, c’est l’ouverture d’une “Supérette Catalane” à Nefiac, ornée de drapeaux catalans —y compris indépendantistes— mais où la langue catalane était totalement absente. Mais aussi, l’ouverture d’une filière bilingue à Tologes, à la rentrée.
Malgré des générations sacrifiées et humiliées, la boucherie dans les tranchées de la première Guerre Mondiale après la révolte vigneronne de 1907, les slogans du type “Parlez propre et parlez français” ou “Il est interdit de parler catalan et de cracher par terre” qui témoignent de la répression linguistique subie par nos aïeux...
Malgré tout cela, la conscience de ce qu’est être catalan progresse. De plus en plus d’habitants revendiquent leur catalanité, et comprennent que la langue est au cœur de cette identité. Ce mouvement dépasse le catalanisme traditionnel ou les injonctions de parler catalan parfois culpabilisantes. On retrouve ce même élan en Corse, en Bretagne ou au Pays Basque.
C’est pourquoi apparaissent des initiatives indépendantes qui ne demandent l’autorisation à personne, et qui donnent de l’espoir. Comme ce jeune du Vallespir qui fait des vidéos de divulgation sur la biologie et s’est fixé l’objectif de faire des vidéos pour apprendre le catalan pour pouvoir parcourir toute la Catalogne et l’Andorre en utilisant notre langue commune. Ou ce candidat à Koh-Lanta, également du Vallespir, qui a dansé une danse traditionnelle catalane en proclamant sa fierté d’être catalan.
Il y a aussi de nombreuses mairies qui ont voté la motion proposée par les Angelets de la Terra pour soutenir la reconnaissance officielle du catalan par l’Union Européenne, et multiplient leurs actions culturelles en catalan, pour les habitants comme pour les touristes à la recherche d’authenticité.
Il est temps de comprendre que l’usage du catalan dans la restauration, les commerces, la signalisation ou les événements est une valeur ajoutée pour notre territoire. La majorité des touristes qui nous visitent toute l’année viennent de Catalogne Sud. Pourtant, chaque année, le festival Visa pour l’Image ne retrouve toujours à court de livrets de présentation en catalan. Comme ces restaurateurs qui servent un “Pa amb tomàquet” mais l’écrivent “Pan con tomate” sur leurs menus, « Joues de cochon » au lieu de « Galtes de porcs » quand il s’agit de deux plats typiques catalans. Un menu bilingue français-catalan devrait être la norme pour mieux accueillir les sud-catalans qui viennent dépenser de l’argent chez nous et, par la même occasion, valoriser notre propre langue.
Nous connaissons les causes de notre faible niveau en catalan, mais nous avons aussi les solutions. Les technologies d’aujourd’hui (comme l’intelligence artificielle) permettent des traductions de qualité. L’Office Public de la Langue Catalane est là pour aider. Et surtout, nous disposons désormais d’un cadre légal plus favorable, avec la loi Molac ou encore le soutien de l’Académie française à la littérature régionale dans les écoles.
La solution qui s’offre à nous pour revitaliser l’usage du catalan, dans un cadre légal soutenu par l’Etat français, reste l’enseignement bilingue catalan-français, dès la maternelle. Nous avons beaucoup de retard par rapport aux Basques, Corses, Bretons ou même Occitans. Mais le potentiel est énorme dans les petites communes de moins de 5 000 habitants.
C’est pourquoi je m’adresse aux élus de ces communes, qui soutiennent déjà la langue ou accueillent des structures comme La Bressola, pour qu’ils impulsent la mise en place de cursus bilingues. Cela ne coûte rien à la commune et permet un accès réel à la langue pour tous ceux qui le souhaite, tout en maintenant leurs enfants dans l’enseignement public.
Les Angelets de la Terra ont rédigé un manuel complet, expliquant les étapes à suivre pour créer une filière bilingue et les avantages à le faire, afin d’accompagner les mairies qui souhaitent s’engager dans cette démarche.