La première édition de Gouel Ai'ta! s'est déroulée le samedi 14 avril 2007 à Tonquédec (Tonkedeg en breton). Pour tous les participants ce fut une belle journée de rencontres, riche en échanges. Le collectif Ai'ta! est né dans le Trégor en 2005 avec l'objectif de travailler sur l'usage du breton dans la vie publique, en mettant en place une signalétique bilingue.
Gouel Ai'ta! a commencé dès le matin pour les membres d'Ai'ta! issus des différentes sections (Bro-Dreger, Roazhon, Kerne-Izel, Naoned) et futures sections (Bro-Gwened) pour réfléchir à l'organisation et à l'avenir de cette dynamique.
Tout au long de l'après-midi a eu lieu un débat ouverte à tous avec les délégations étrangères présentes : Cymdeithas du Pays de Galles, Hartèra d'Occitanie et ANGELETS DE LA TERRA de Catalogne Nord. Les associations présentes se sont présentées tour-à-tour devant un public de plus de soixante personnes, puis ont expliqué par des exposés la situation de chacune des langues représentées. Les participants ont ensuite discuté et débattu sur le thème de la défense des langues minoritaires aujourd'hui.
A 18h, les journalistes avaient été conviés à une conférence de presse, lors de laquelle ont été synthétisés les échanges de l'après-midi. A cette occasion a été lue une «déclaration commune» (cf ci-dessous) cosignée par les quatre associations présentes : Cymdeithas, Angelets de la Terra, Hartèra, Ai'ta!.
Pour terminer en beauté Gouel Ai'ta!, le fest-noz vras a réuni 12 groupes et couples de chanteurs et sonneurs, du Trégor principalement mais aussi d'ailleurs comme Eeun et les Groove Boys. Et du plaisir jusque tard dans la nuit dans une salle des fêtes bien remplie !
Déclaration commune:
« Nous Gallois, Catalans, Occitans, Bretons, sommes aujourd'hui réunis à Tonkedeg pour échanger sur nos expériences en tant que locuteurs de langues minoritaires (excepté le catalan, parlé par 11 millions de personnes), mais surtout en tant que défenseurs de ces dites langues. En effet, et cela malgré la variété des situations, nos langues ont toutes pour point commun d'être minorisées, dominées et écartées de l'espace public au profit de l'anglais, du français ou de l'espagnol. Le recul de leur usage social est tel que trois d'entre-elles sont classées depuis 2002 par l'Unesco comme langues en danger d'extinction.
Or, pour nous comme pour toutes les personnes attachées à une réelle diversité culturelle, ceci est loin d'être une fatalité. Cette minorisation de nos langues, qui a pour conséquence leur déclin actuel, est d'origine politique. La France, comme la Grande-Bretagne jusqu'à il y a quelques décennies encore, n'a pu et ne peut toujours pas se concevoir autrement que comme une entité culturellement uniforme, niant les spécificités et aveugle à la réelle diversité linguistique de son territoire. Elle ne pourra cependant pas rester indéfiniment en marge du large mouvement mondial en faveur du respect de la diversité linguistique et culturelle, et ignorer les textes et recommandations des instances internationales.
L'évolution du système politique britannique paraît instructive à cet égard. Les progrès réalisés au Pays de Galles depuis quelques décennies pour la réappropriation de la langue, dans les domaines de l'enseignement et des médias, ainsi que dans l'espace public, montrent les résultats très positifs de son officialisation de facto et de sa prise en compte par des autorités galloises disposant d'une large autonomie. C'est pourquoi nous estimons que les langues minoritaires de l'Etat français ne pourront être revitalisées, et se développer, sans une indispensable officialisation. Nous appelons par conséquent le futur président français à ratifier la charte européenne des langues régionales et minoritaires, étape indispensable à la survie de nos langues. »
Cymdeithas yr Iaith (Cymru) Hartèra (Occitania) Angelets de la Terra (Catalunya Nord) Ai'ta! (Breizh)