La Chandeleur est une fête populaire et religieuse qui remémore chaque 2 février la présentation de l’Enfant Jésus au Temple de Jérusalem et en même temps la purification de sa mère selon la Loi juive. Dans les pays catalans cette “fête des chandelles” a été pendant des siècles une fête mariale très importante (“La Mère de Dieu Chandeleur est la première”), marqué par des cérémonies de distributions de chandelles bénies, dédiées à la Vierge. “Quand la chandeleur s’approche, le droguiste prépare la cire”).
Depuis le début du XXème siècle cette fête a commencé à s’effacer peu à peu de la mémoire collective. Peu de villages se rappellent encore de son contenu théologique complexe.
Comme d’autres fêtes religieuses, la Chandeleur possède aussi des racines très anciennes qui, par contre, n’ont pas disparus de la mémoire collective. En effet, lors de la christianisation de l’Empire romain, la Chandeleur remplace des fêtes romaines comme par exemple les Lupercales, qui célébraient Faunus, le dieu de la fécondité, de la forêt et des troupeaux, pour ne citer qu’un exemple. On retrouve ses traces dans des dictons qui font référence au réveil de l’ours après son hivernation. "A la Chandeleur l’ours sort de sa grotte”. Dans les fêtes du Vallespir et des Pyrénées en général l’ours apparait certes comme animal dangereux qu’il faut combattre, mais en même temps comme garant de la vitalité de la nature qui se réveille, de la fécondité et de la sexualité. Lors de la danse des ours les “bêtes” se livrent à toutes sortes de plaisanteries, d’attouchements et d’excès, notamment par rapport aux femmes. N’oublions pas la légende de Jean de l’Ours, fils d’un ours et d’une jeune fille humaine. Le culte de la “bête”, de l’animalité, trouve ensuite une continuation avec le carnaval et son ton irrévérencieux. “Après la chandeleur vient le carnaval”.
Plus sages sont les fêtes et foires qui célèbrent l’agriculture, la ruralité et les produits artisanaux comme les fêtes de la Chandeleur de Molins de Rei, La Pobla de Claramunt, de Valls i Tossa de Mar et d’autres.
Dans tous les pays catalans existe la tradition de vouloir deviner le dernier jour de l’hiver. “Si la Chandeleur pleure, l’hiver est fini, si la Chandeleur rie, l’hivers continue”. La Chandeleur se situe à mi-chemin entre le solstice d’hiver et l’équinoxe de printemps et la date semble adéquate pour faire un premier bilan. Evidemment la véracité du résultat n’est pas garantie. Une chose est par contre sure : Pendant longtemps la Chandeleur était le jour où on enlevait les crèches pour signifier que la période de Noël était bien finie et que le printemps, ou au moins le Carnaval, commençait.
Michel Leiberich, professeur d'Université (Palau del Vidre)