Gilbert Grau i Salvat (Elna, Rosselló 1922 - 1994) était un homme politique indépendantiste et fédéraliste européen de Catalogne Nord, qui dénonçait le colonialisme français et espagnol et revendiquait la réunification des Pays Catalans ainsi que la reconnaissance internationale de la Catalogne.
Biographie
Le travail forcé au Service du Travail Obligatoire (STO) pendant la Seconde Guerre mondiale en Silésie (une région historique en Europe centrale qui s'étend en Pologne, République tchèque et une petite partie en Allemagne) a été pour lui une expérience traumatisante qui a renforcé sa conscience de sa catalanité et sa conviction qu'il n'était pas français. Son activisme catalan débute à la fin des années cinquante.
Au début de 1958, sous l'impulsion du dramaturge Esteve Albert i Corp et avec la contribution d'artistes et d'intellectuels tels que Jaume Lladó i Font, Pere Ponsich et le musicien Jordi Barre (qui subit également la déportation cruelle du STO) qui chantent alors en français, les frères Grau forment une troupe de théâtre populaire en catalan à Elna, la troupe Pyrène. Certaines œuvres d'Esteve Albert and Corp ont été jouées, mais surtout la crèche vivante de Rosselló. Gilbert Grau, succédant rapidement à son frère Roger Grau, en devient le directeur avec l'ambition que la jeunesse d'Elna, par l'appropriation de la culture authentique, prenne conscience de sa catalanité.
En 1985, il notait lui-même, dans un bilan d'activités du Groupe Pyrène, le fait d'avoir « encouragé avec la collaboration toujours enthousiaste et patriotique d'Esteve Albert » des rencontres, des célébrations et la commémoration en 1966 du troisième Synode des Concile d'Elna; ainsi que d'avoir permis en 1966, avec la participation et l'aide de l'illiberenc Roger Campredon), un "Séjour National d'Orientation" du Conseil National de Catalogne présidé par Josep-Maria Batista i Roca.
En 1967, il organise un autre séjour à Montoriol avec des nationalistes de Barcelone sur "l'unité et l'indépendance des Pays Catalans". Dans cette évaluation, il a précisé que "sans aucun doute, la ligne de sa lutte nationaliste était orientée vers la reconnaissance d'un territoire étendu à toute la région des Pays catalans de Fraga à Maó et de Salses à Guardamar del Segura" ; puis il l'a précisé avec le choix même de la devise de son action politique des années plus tard, la phrase du poète Salvador Espriu : "Ens mantindrem fidels per sempre més al servei d'aquest poble" (Nous resterons fidèles à jamais au service de ce peuple).
Grau, dès le début des années soixante, multiplie les contacts avec des compatriotes de tous les Pays Catalans, comme Esteve Albert i Corp, Joan Ballester i Canals, dont il introduit et diffuse les cartes des Pays Catalans, avec des exilés, en Catalogne Nord comme Joan Guiraud à Elna, Josep Maria Batista et Roca ; il entretint une abondante correspondance notamment avec Jaume Planes i Pahissa, Guiu Sobiela-Caanitz mais aussi avec d'éminents fédéralistes européens comme l'Allemand Lutz Roemheld et le Français Guy Héraud.
Dans les années 1960, Grau et son compatriote Josep Deloncle concrétisent leurs revendications politiques par la création du « Comitè per a la Unió de les Dues Catalunyes » (Comité pour l'Union des Deux Catalognes) en 1967, ainsi que du « Comitè per a l'Estatut Particular del Rosselló » (Comité pour le Statut Particulier du Roussillon), actif en 1968 et 1969. Grau et Deloncle ont été tous deux précurseurs du catalanisme politique de la seconde moitié du XXe siècle en Catalogne du Nord. Ils ont également été les promoteurs de la Flamme du Canigó de l'autre côté de la chaîne de montagnes de l'Albera à partir de 1966 et en font un outil de sensibilisation nationale. Ils ont fondé l'Acció Regionalista Catalana (ARC) en 1972. En même temps, et à la lumière de la reconnaissance européenne et internationale de la réalité nationale de la Catalogne dans l'ensemble des Pays Catalans, Grau a participé activement au Congrès de Vérone de l'Internationale Fédéraliste en 1973 et a fondé la même année le Partit Federalista Europeu de Catalunya (PFEC), dont il a été président. Il se présenta donc au nom de l'ARC/PFEC aux élections législatives de 1973 dans la circonscription de Perpignan-Céret avec le Dr. Jean Pideil. Le tract de campagne électorale rédigé par Grau, dont le contenu est très dense, en explique ligne par ligne les raisons et les objectifs. D'une part, les espoirs d'une dizaine de milliers de Catalans du Nord d'obtenir un Statut Spécial en 1969 avaient été déçus. D'autre part, selon Grau, il fallait mettre un terme à la colonisation de Montpellier qui prenait le dessus sur de celle de Paris pendant trois cents ans. Avec l'affirmation retentissante en lettres majuscules et en gras « SOM UN POBLE D'HOMES MAJORS I LLIURES » (Nous sommes un peuple d'Hommes adultes et libres), Grau revendique la création de la « RÉGION CATALANE AUTONOME » sur l'ensemble du Languedoc, en application de la loi du 5 juillet 1972, afin d'assurer une puissance régionale propre dans la perspective de l'Europe des Euro-Régions.
Constatant que le pays était "victime d'une fausse régionalisation qui ne tenait pas compte de sa spécificité, que son économie, sa culture, sa langue se mouraient", Grau a aussitôt dénoncé la tutelle de la préfecture "comme si nous étions irresponsables et incapables d'être maîtres de notre destin » et encouragea les Catalans à voter pour clamer haut et fort la volonté de gérer eux-mêmes leurs affaires et d'en finir avec le centralisme parisien et montpelliérain, le chômage, l'émigration forcée, les angoisses des maraichers, l'implantation commerciale de monopoles, spéculation immobilière sur le territoire, liquidation des petites entreprises, chantage à l'industrialisation, présence massive de la marine, mépris de la langue et de la culture, etc.
Il fut le seul homme politique à revendiquer, par l'application de la loi, la création d'une région autonome distincte du Languedoc avec ses propres institutions : une assemblée régionale dotée de pouvoirs législatifs afin de promouvoir l'autonomie des communes, le principe de l'auto-management dans les entreprises, l'implantation d'industries, la revalorisation de l'agriculture, le développement de la langue, etc. et aussi de pouvoir s'intégrer à l'Europe en tant qu'Euro-région. Il voulait obtenir la reconnaissance de la Région catalane comme circonscription de base pour l'élection au Parlement européen au suffrage universel. Il a obtenu 2 314 suffrages soit 2,08 % des suffrages exprimés, soit près du double des suffrages obtenus par l'autre parti catalan, l' Esquerra Catalana dels Treballadors.
L'indéfectible ami et collaborateur, lecteur assidu de la presse, l'illibérien Joan Gensane qui partageait avec lui les espoirs d'une Catalogne libérée, lui apportait son soutien, se présenta quelques mois plus tard également au nom de l'ARC (PFE de Catalunya) aux élections cantonales de 1973. Le tract de campagne réitère avec force les dénonciations de la situation coloniale, des pratiques politiques mafieuses locales dont le canton d'Argelers est l'exemple et la défense des intérêts du pays. En vain.
Dans les années suivantes, Grau entretint une correspondance avec des compatriotes catalans et des fédéralistes européens et put compter sur la collaboration du catalan du nord Pere Mateu. Intensifier la tentative d'implantation des PFEC (Pays Catalans) dans le Principat de Catalunya. Il s'opposa à la revendication du statut d'autonomie de 1932, qu'il comparait au tango « un pas en avant, deux pas en arrière » et s'opposa en 1978 à l'adoption de la constitution espagnole. Il a revendiqué jusqu'à sa mort le droit inaliénable du peuple catalan à l'indépendance, à la réunification des Pays catalans et à la reconnaissance de la Catalogne au sein d'une Europe fédérale.
Bibliographie
Dispositifs idéologiques et conscience nationale - Stimuli et obstacles, L'A.R.C-P.E.F.C dans les années 70, Daniela Grau, Diplôme d'études approfondies en études catalanes, Université de Perpinyà.
(sources : Wikipédia, l'encyclopédie libre)
Discours de Joan GENSANE aux obsèques de Gilbert GRAU et SALVAT
(7 SEPTEMBRE 1994)
Distingués Mesdames et Messieurs,
J'ai la lourde tâche de me souvenir de la personne qui était Gilbert Grau i Salvat, décédé à Elna le mercredi 7 septembre 1994. Il était un fils des plaines par son père S. GRAU i ROGER et pourtant profondément enraciné dans le rugueux terres des Garrotx par sa mère, M. SALVAT et MARTÍ.
Gilbert GRAU a joué un rôle exceptionnel, ouvrant la voie à un concept qui avait presque disparu de la vie collective en Catalogne du Nord : l'affirmation de l'identité nationale catalane. Il a élevé le fait catalan d'une situation folklorique à une position idéologique. Des arguments authentiques et dynamiques crédibilisent votre vision.
Rappelant son parcours, il faut citer tout d'abord ses actions sur le plan culturel régional comme la création, avec son frère Roger GRAU, du groupe Pyrène grâce à l'impulsion de l'infatigable patriote Esteve ALBERT i CORP, écrivain et théâtral homme , qui a également guidé d'autres catalans du nord tels que Roger CAMPRODON et Jordi BARRE. Esteve ALBERT a mis en scène trois spectacles : "Pyrene" à Elna, "El pessebre vivent" au Tinell de Barcelone, à Tarragone, dans l'Empordà et "La passion selon Sœur Isabel de Villena" au Castell dels Reis de Mallorca à Perpignan. Gilbert GRAU a tenté de faire prendre conscience au jeune homme d'Elna de sa propre identité catalane, la dignifiant après trois cents ans d'acculturation française.
Les contacts privilégiés qu'il a eus avec M. Josep Maria BATISTA i ROCA, professeur au Trinity College de l'Université de Cambridge, ami personnel de Sir Selwin Lloyd, secrétaire du Foreign Office, lui ont ouvert de riches sources de réflexion.
Gilbert GRAU, épaulé par Josep DELONCLE, Martí CASSANYS et le Cercle de Joves de Perpinyà, dirigé par MM. IGLESIS et MAURY, a contribué à l'expansion du concept "Focs de Sant Joan - Flama del Canigó" en profitant du message annuel de juin 23 pour répandre ses convictions en Principauté, en plein franquisme. Il a également travaillé avec pioche et pelle pendant cinq ans sur la restauration de la chapelle de Sant Llorenç del Mont à Argelers de la Marenda, qu'il a sauvée de la démolition totale. Il a ensuite commencé le même type de travail au Prieuré de Santa Maria del Vilar à Villalonga dels Monts dans le massif des Albera. Son souci du catalanisme s'est également manifesté par l'organisation de "Diades comarcals" à Alenyà et Elna, des rencontres de jeunes, des camps, la participation à l'hommage à Eiximenis à Elna... Il convient également de mentionner son inlassable activité épistolaire : la journée dia rera a tenté de convaincre et émouvoir ses multiples correspondants pour la cause catalane.
D'autre part, le secrétaire du plus grand groupe culturel d'Europe, l'Omnium culturel avec ses 25 000 membres, a soutenu Jaume PLANES et PAHISA, qui pendant les années sombres du régime franquiste ont promu la résistance culturelle. On se souvient de son amitié et de sa collaboration avec Joan BALLESTER et CANALS, le géopoliticien de la Llibreria Públia sur Carrer Consell de Cent, qui a créé les slogans "Entre tots ho farerem tot" et "Catalunya de Salses à Guardamar et de Fraga à Maó" que Gilbert GRAU a contribué à populariser.
Nous ne pouvons pas négliger son aide à des dizaines de jeunes réfugiés qui sont passés par la maison GRAU sur Camí Reial à Elna pendant les dernières années du régime franquiste.
Sur le plan strictement politique, d'abord militant au sein de l'Action régionaliste catalane aux côtés de Josep DELONCLE et d'autres comme Pau Roure, il dépasse aussitôt une approche autonomiste avec la dénomination P.F.E.C. (PP. CC.), Parti Fédéraliste Européen de Catalogne (Pays Catalans). Dès lors, il prône sans relâche la réunification des cinq Pays catalans et leur indépendance dans le cadre d'une Europe fédérale. Au sein de l'E.F.P. L'Europäische Föderalistische Partei (Parti fédéraliste européen) tant au congrès de Genève qu'à celui de Vérone s'est battu pour la reconnaissance de la section catalane en tant que représentante de l'ensemble des Pays catalans - à l'exception des deux États oppresseurs, la France et l'Espagne - et revendique le droit inaliénable du peuple catalan à un destin politique qui lui est propre.
Aujourd'hui le fait catalan n'est plus un rêve, c'est une réalité incontestable. Les signes de la reconnaissance internationale de cette communauté de onze millions de Catalans sont désormais l'entrée d'Andorre à l'ONU en 1993, la nomination, à la présidence du Conseil des Régions d'Europe, du Très Honorable Président de la Generalitat de Catalogne, Jordi PUJOL et celle de l'éminent M. Batlle de Barcelone, Pasqual Maragall en tant que président du Groupement des Grandes Villes d'Europe.
J'ai eu le plaisir d'être aux côtés de G. GRAU durant toutes ces années, l'encourageant, voyageant avec lui par exemple à l'abbaye milanaise de Vilboldone pour voir l'abbé exilé Aurelius ESCARRÉ juste après la visite qu'il lui avait faite ils avaient fait l'allemand le chancelier ADENAUER et le chef du gouvernement italien, le professeur FANFANI. A Barcelone en mai 1968, grâce à la collaboration de Josep PASCAL, nous avons amené trois grands constitutionnalistes, nationalistes catalans, Salvador CASANOVES, l'un des fondateurs de la Gran Enciclopèdia Catalana, Josep BENET et VERDE ALDEA, à rédiger un projet régional pour le Nord Catalogne.
La trajectoire personnelle de Gilbert GRAU semble ainsi perpétuer le rôle essentiel de la ville d'Elna, où le père de la Nation catalane, l'abbé Oliba, et son frère ont conçu il y a mille ans le mouvement Paix et Trêve, initiateur du parlementarisme catalan en Europe. . Aujourd'hui, un bouquet de lauriers apporté de Terra Alta par un de ses amis — en souvenir du geste qu'il a lui-même fait pendant de nombreuses années à Toluges à l'occasion de la fête de la Paix et de la Trêve — l'accompagne dans son dernier voyage.
Les idées de Gilbert GRAU, sa politique prophétique, son rôle moteur s'inscrivent bien dans la dynamique de la communauté illibérienne : Elna - Illiberri, la Vila Nova des Ibères, la ville du renouveau permanent.
J. GENSANE
Discours de Daniela Grau et Humbert, Elna (Catalogne Nord)
au Fossar de les Moreres (11 septembre 2014)
Gilbert Grau i Salvat, précurseur du catalanisme politique dans le Nord, a fondé il y a quarante ans le Parti fédéraliste européen de Catalogne (Països Catalans) ; La Catalogne était pour lui l'ensemble de nos territoires ; il ne prônait pas le fédéralisme au sein de l'État espagnol, mais dans une Europe respectueuse et inclusive de toutes les nations. Grau voulait obtenir la reconnaissance européenne d'une Catalogne confédérée. Un jour comme celui-ci, en 1969, à 12 heures du soir, seuls six patriotes étaient ici à Fossar de les Moreres : Daniel López Bribian, Joan Ballester i Canals, son fils Ricard, Gilbert Grau, Nemesi Solà et Enric Borràs brûlent une copie du décret Nova Planta.
Manifestation 2014 : Vingt ans sans Gilbert Grau
Mesdames et Messieurs,
Chers amis,
Cette année marque les soixante-dix ans que Julià Gual, en présence de Joan Alavedra et Pompeu Fabra, a inauguré la pierre commémorative devant laquelle nous sommes présents aujourd'hui. Soixante-dix ans ont passé et les Catalans s'inclinent toujours fidèlement devant ce modeste monument !
Comme nous le faisons traditionnellement, nous observerons maintenant une minute de silence à la mémoire du président martyr Lluís Companys et de tous ceux qui se sont battus ou se sont sacrifiés pour la liberté de la malheureuse terre !
Vingt ans sans Gilbert Grau
Il y a vingt ans, le 7 septembre 1994, Gilbert Grau i Salvat mourait à Elna des suites d'un arrêt cardiaque à l'âge de 72 ans. Fils d'une vieille famille d'hommes d'affaires illibériens, il était un éminent militant et homme politique catalan.
Comme Jordi Barre, Gilbert Grau a connu une déportation forcée vers l'Allemagne par le Service du Travail Obligatoire. Cette expérience traumatisante a renforcé sa conscience de son identité catalane.
En 1959, Gilbert Grau et Jordi Barre collaborent à la pièce d'Estève Albert, Pyrène. Grau devient directeur du Groupe Artistique et Culturel Pyrene d´Elna. Plus tard, il est l'un des promoteurs de la Flamme Canigó. Avec Josep Deloncle, il en fera un outil de sensibilisation nationale. La flamme portée au Coll d'Ares en 1966 devient alors le symbole de l'union des Pays Catalans.
Chose un peu oubliée aujourd'hui, Gilbert Grau et sa famille ont travaillé pendant cinq ans à la restauration de la Chapelle de Sant Llorenç del Mont à Argelers de la Marenda. Ils l'ont sauvé de la démolition totale. Il a ensuite commencé le même travail au Prieuré de Santa Maria del Vilar à Vilallonga dels Monts dans le massif des Albera.
Il a organisé des "Diades comarcals" à Alenyà et Elna, des rencontres et des camps de jeunes. Son souci du catalanisme se traduit également par une intense activité de correspondant.
A la fin des années soixante, il fait la transition entre catalanisme culturel et nationalisme catalan. Il entretient des contacts avec des personnalités de la Principauté dans les années qui suivent les guerres. En 1967, il fonde le Comité pour l'Union des Deux Catalognes, un mouvement semi-clandestin. On sait désormais qu'il a été dénoncé à la police française (et espagnole) pour cela par un certain Josep Tarradellas...
Au cours des dernières années du régime franquiste, des dizaines de jeunes réfugiés passèrent "Ca'ls Grau" à Elna sur le Camí Reial. Cette maison était l'une des pépinières de l'identité catalane dans notre région.
Entre 1968 et 1969, il encourage le Comité pour le statut particulier du Roussillon contre presque tous les hommes politiques de la région.
Devant l'échec du Comité, il crée en 1972 l'Action régionaliste catalane (ARC), organisation politique régionaliste. Avec un autre groupe, l'Esquerra Catalana dels Treballadors, l'ARC est historiquement le premier parti indigène de la Catalogne du Nord.
Les 16 et 17 novembre 1973, il participe activement au congrès de l'Internationale Fédéraliste Européenne à Vérone. Il a invité le PFE à prendre conscience du fait catalan, insistant sur l'apport culturel extraordinaire de la Catalogne à l'Europe. Il a ensuite fondé et présidé le Parti Fédéraliste Européen de Catalogne (Pays Catalans (PFEC)) qui revendiquait le droit inaliénable du peuple catalan à son destin politique et l'unité des Pays Catalans dans le cadre d'une Europe fédérale.
Il est présenté aux élections de 1973 par le parlement français avec l'ARC et le PFEC dans la circonscription de Perpignan-Céret pour obtenir l'autonomie du Roussillon en dehors de la région administrative du Languedoc imposée par Paris. Il a obtenu 2 314 voix, soit 2 %.
Toute son activité militante s'est brutalement arrêtée à la suite d'une grave maladie.
Il y a quelques mois, nous avons eu la mauvaise surprise de lire un morceau biographique à son sujet qui nous laissait très perplexe...
Aujourd'hui encore, les gens sont obscurcis par une vision jacobine du monde, une Weltanschauung manichéenne et absurde. En tant que patriotes, nous avons le devoir de répondre aux délires de ces individus et de rétablir la vérité.
Le rôle historique de Gilbert Grau en Catalogne du Nord a été exceptionnel. Face à une situation folklorique nostalgique, il affirme clairement et publiquement l'identité nationale catalane.
Son combat s'inscrit dans le contexte de la conscience nationaliste de son temps, en dehors des partis français prétendument progressistes, couvertures idéologiques du chauvinisme français. Gilbert Grau était véritablement un esprit libre dénonçant sans complexe les mythes du jacobinisme français de droite ou de gauche.
Il poursuit l'œuvre commencée par Alfons Mias avant la guerre. Pour Mias, le pancatalanisme était purement sentimental, culturel et apolitique. Avec Gilbert Grau nous sommes entrés dans l'ère d'un nationalisme catalan moderne et politique. On peut dire qu'il fut le premier nationaliste de l'ère moderne en Catalogne du Nord.
Joan-Père Pujol 18 octobre 2014
Message de Pere Mateu (17 octobre 2014)
Collectivités, Entreprises, Partenaires,
Ce 18 octobre il y a diverses manifestations et rencontres, ce qui fait que je ne peux pas être présent à l'hommage à Gilbert GRAU.
J'aurais bien aimé y être puisque Gilbert GRAU était mon professeur de catalanisme actif. C'est grâce à lui que j'ai découvert tout un monde méconnu de la lutte culturelle et politique pour la défense de nos valeurs catalanes, grâce à lui que j'ai été curieuse de notre histoire cachée, grâce à lui que j'ai appris seul et loin du pays Notre language
C'est aussi grâce à Gilbert GRAU que j'ai eu le désir véhément de m'impliquer dans le nationalisme politique catalan.
Si cela n'a pas été dit, je vous rappellerai que dans sa maison toute sa famille a participé aux activations et que c'est Gilbert GRAU qui a fondé le Parti Fédéraliste Européen de Catalogne - Països Catalans.
Oui! Gilbert Je n'ai rien négligé. Je vous remercie pour tout ce que vous m'avez appris et je salue un patriote qui avait une vision grande et claire de la Catalogne et de l'Europe.
Message DIADA 11 septembre
Perpignan, 15 octobre 2014
El Foment rejoint Companys et l'infortuné patriote roussillonnais Gilbert Grau, événements convoqués par l'association Alfons Mías.
Companys est mort pour le pays. Avec l'indépendance qu'il avait proclamée et tant désirée. nous reviendrons enfin sur la mascarade de procès qui l'a condamné à mort et que les successeurs actuels de Franco se refusent à faire à ce jour. Alors, mais alors seulement, le président martyr reposera en paix. C'est une réussite d'associer cette année Gilbert Grau à cette commémoration. A une époque où les patriotes catalans du Roussillon se comptent sur les doigts d'une main, Gilbert est un chef de file de la résistance à l'assimilation française. Déjà dans les années 60 du siècle dernier j'avais dénoncé le système de type colonial qui nous écrasait. Gilbert était du bois du Président-martyr et s'est battu toute sa vie pour la dignité de sa terre. Les deux sont des exemples à retenir. Vive Rosselló, vive la Catalogne, vive les Pays Catalans !
Miquel Mayol