Llauró ROSSELLÓ
Llauro (Llibre Blanc de Catalunya Nord)
Llauró est un petit village situé en plein cœur du massif des Aspres. Son point culminant est au lieu-dit « Torre blanc » à 512 m. En contre-bas du village coule une riviere dont les eaux se versent dans le Réart, c’est la rivière dite du Mona. Cette appellation a été mentionnée sur le plan cadastral en 1825. Ultérieurement, la rivière s’est appelée Moné mais son nom initial est rivière d’el Mener (de la mine). Ces différentes appellations démontrent que le langage parlé dévie au cours des siècles par manque d’alphabétisation.
La configuration géologique des Aspres est telle que tous ses points culminants sont constitués de roches calcaires poreuses qui permettent à l’eau de pluie de pénétrer dans le sol. Cette eau est ensuite retenue par les roches schisteuses situées sous le calcaire. Le résultat de cette géologie particulière est la présence de sources. Llauró possède donc de très nombreuses sources ( Funt Sant Marti, La Funtassa, Funt de « la madame », Funt de l’Esquirol, Funt de les Cotives…) propices à l’établissement d’un habitat. La présence de Dolmens démontre que l’homme a investi le territoire de Llauró depuis la préhistoire. Le « sentier du liège », randonnée au départ de Llauró, passe notamment par le dolmen de Galuert.
C’est en 814 que Llauró est mentionné pour la première fois sous le nom « Vila Laurosum ». Puis entre 899 et 1632, sept appellations différentes désigneront le village. Llauró est pour la première fois cité en 1632.
La particularité majeure dans l’histoire du village se découvre en observant le blason du village. Il représente les armes Catalanes mais avec 5 pals Sang et 6 d’or surmonté de la couronne d’Aragon avec l’inscription « Llauró, ville royale depuis 1279 ». En effet, en 1273, la seigneurie de Llauró fut mis en vente et les habitants du village rachetèrent tous les droits. Ils purent ainsi se soustraire aux servitudes seigneuriales auxquelles ils étaient soumis jusqu’alors. Mais, sans protection armée, ils durent choisir leur propre seigneur. Ils élirent l’infant Jaume, futur roi de Majorque et lui prêtèrent serment de fidélité. Devenu roi de Majorque en 1279, Jaume II honore le serment fait aux habitants de Llauró en les soustrayant à l’impôt et en donnant privilège d’user de la forêt située sur le territoire de Llauró, forêt qui fera la richesse du village au 18ème et début du 20ème siécle : El Comú.
Lorsque le royaume éphémère de Majorque fut à nouveau réuni à la couronne Aragonaise, celle-ci viendra coiffer le blason.
Ainsi, en se promenant dans le village, sur chaque plaque indiquant le nom des rues en Catalan, on peut constater que Llauró est une ville royale !
Une histoire axée principalement sur l’industrie bouchonnière, Llauró étant, avec sa forêt du Comú, un des principaux pôles de fabrication de bouchon en liège dans le département. Pour attester de la richesse du village à la fin du 18ème, il suffit d’imaginer que ce sont les bouchonniers qui ont fait venir l’électricité ; ont imposé un bureau de poste ; imposé non sans difficulté l’élargissement des rues et le déplacement du cimetière adossé à l’église.
La bouchonnerie étant un facteur d’animation spontanée, la vie culturelle de Llauró était foisonnante et les opportunités pour les ouvriers bouchonniers de faire la fête nombreuses.
Il faut remonter à 994 pour que la première fois soit mentionnée l’église « Sancti Martini de Laurosoni ». L’église romane de Llauró a la particularité d’être fortifiée et faisait corps avec la muraille qui englobait le village. Les restes du mur d’enceinte sont toujours visible sur la partie nord de l’église et une tour de la muraille est encore présente, cachée au sein du village. Le retable, de style baroque du 18ème siècle est charpenté de bois de pin, peint et doré. Ses dimensions (5m x 4m) prouvent qu’il a bien été exécuté pour cette église et n’est pas un apport extérieur. Dans la niche centrale se trouve Saint Martin, patron du village. Martine et Marie surplombent l’église dans le clocher et se font entendre à chaque cérémonie religieuse.
En déambulant dans le village, parmi ses rues pentues, on peut constater que les façades des maisons n’ont rien à voir avec celle de lotissement. Certaines hétéroclites, d’autre plus classiques, en calcaire prélevé dans la carrière ou dans les quelques grottes situées au sud, dans le village et en schiste prélevé dans une carrière au abord du Mona à l’ouest du village. Enfin, certaine façade qui ont fait la fierté de leur propriétaire car signe de fortune dans les années 50 sont en ciment peint, et recouvrant les pierres de ces maisons ancestrales. Mais à y regarder de plus près, en levant les yeux, ont peu distinguer les nombreux avant toit peints. Les sujets peints sur les tuiles ou les cairou sont variés. Ils vont, du simple triangle, à l’échiquier en passant, par des végétaux et signes pour conjurer le mauvais sort.
Les plus anciens avant toits peint dates de 1734 alors que les plus récent, de 2019. Depuis 2017, toute toiture possédant un avant toit peint et devant être rénové doit obligatoirement conserver cet art linéaire qui fait la richesse architectural de Llauró.
Stéphane et Sylvie MARTIN