Serrallonga VALLESPIR
Serralongue (Llibre Blanc de Catalunya Nord)
Patrimoine, curiosités à voir sur place
Serralongue possède un patrimoine riche et varié, très important au vue de la petitesse du village de nos jours. Ceci n'est pas si étonnant que ça au vu de l'histoire locale, importante. Il est constitué tout d'abord du village lui-même, avec ces maisons anciennes, son arbre de la liberté (1848, comme vu plus haut)Militairement, c'est bien sûr le château de Cabrenc qui domine. Lieu de vie des seigneurs de serralongue, ce château fut construit vers 1086. Initialement il s'agissait d'une simple fortification située au sommet d'un pic rocheux dominant le village. Il fut étendu au XIe siècle par un donjon sur le deuxième pic tout proche, puis au XIVe siècle par une enceinte et une tour à signaux. Cette tour était en relation avec le château de Corsavy, la tour de Mir (Prats de Mollo), la tour de Cos (Ste Cécile de Cos) et la tour de Batère (Cortsavy). Ainsi il était facile de communiquer vers la vallée de la Têt ou du Tech, malgré le site fort retiré.Le dispositif complet formait à l'époque un ensemble redoutable, la forteresse étant très haut perchée et en total surplomb de la vallée du Vallespir.Mais Serralongue possède aussi plusieurs édifices religieux remarquables, à commencer par le curieux Conjurador, dont la fonction est d'éloigner les orages des récoltes. C'est aussi l'église paroissiale Ste Marie, d'origine romane (1018). Elle est classée aux Monuments Historiques. Elle se compose d'une nef unique voûtée en berceau brisé et terminée par une abside semi-circulaire. Son portail est particulièrement réussi, il a cinq voussures et est ornés de très belles pentures du XIIIe siècle. L'artisan a d'ailleurs gravé son nom au burin sur le verrou : Bernardus Faber Velim me Fecit. Intérieurement, elle contient le retable du maître-autel (1713), deux statues de Saints (XVIIIe), une cuve baptismale romane, deux sarcophages (1269 et 1312), plusieurs dalles funéraires (1589, 1748, 1766), une roue à clochettes, ce qui est assez rare de nos jours, une croix processionnelle du XVIIe, une autre du XVIIIe, et un ostensoir de 1745.Le territoire de Serralongue possède aussi trois chapelles isolées. La première est consacrée à St Antoine de Padoue. Construite en 1750, elle contient un retable du XVIIIe siècle. La seconde est la chapelle castrale du château de Cabrenc (XIIe siècle, aujourd'hui en ruine), la troisième est consacrée à St Michel de Faig, elle date de 1746.
Histoire
Le passé de Serralongue est très ancien. Probablement habité dès le néolithique mais sans que l'on en ai la preuve, les celtes aux alentours de 900 av JC y avaient établi un lieu d'habitat. Une nécropole a été découverte au Sud du village, au lieu-dit "El camp de les olles", sous la forme d'un champ d'urnes. Par la suite les romains annexèrent le Roussillon (-121), eux même débordés par les vandales (408) puis les wisigoths (412). Ceux-ci, faisant partie du royaume wisigoths de Toulouse, prospérèrent jusqu'en 720, année de l'invasion sarrasine qui fit s'enfuir les habitants. Le Vallespir fut alors quasiment désertifié jusqu'à la récupération des territoires par Charlemagne en 811, ce qui marqua l'ère carolingienne en Roussillon.Fidèle à son habitude, Charlemagne découpa son territoire en multiples comté, le Vallespir fut incorporé à celui de Besalu. Alors complètement désertée, cette vallée sera peu à peu conquise par des pionniers qui implanteront les premières fermes et développeront la région. L'église du village est construite en 1018, elle sera consacrée l'année d'après par Bérenger III, évêque d'Elne. Ceci marqua le point de départ du village de Serralongue, les habitants venant s'agglutiner autour de l'église.La seigneurie de Serralongue apparaît au XIe siècle sous le nom de seigneurie de Cabrenc, en référence aux chèvres, l'un des seuls animaux à être capable de grimper sur la montagne jusqu'au château. (C'était un véritable "chemin de chèvres") Elle aura un grand pouvoir sur le haut-Vallespir. Son territoire englobait les lieux de Lamanère et Coustouges.Le premier seigneur de Cabrenc était un certain Oriol de Cortsavi. Il fut le patriarche de la dynastie de Serralongue qui régna sur la Cabrenc jusqu'en 1313.A partir de 1313 et jusqu'en 1644, les seigneurs étaient la famille de Rocaberti (10 membres successifs), puis jusqu'en 1792, soit au moment de la création par l'Etat français des communes, c'était la famille Ros. En 1792, Abden Senen de Ros, baron de Cabrenc fuit la France et s'installe en Espagne, il était le dernier seigneur de Cabrenc. Il faut savoir qu'à un certain moment, Cabrenc fut élevé au rang de baronnie.Un saut temporel nous amène en 1848. Cette année là la France connaît des remous importants. Les républicains s'opposent à la bourgeoisie et un peu partout on recense de nombreux heurts. D'ailleurs c'est en 1848 que paraîtra le premier numéro d'un quotidien qui se voudra libre et républicain : l'indépendant des Pyrénées-Orientales. Dans cette euphorie les habitants de Serralongue vont réaliser un acte qui perdurera jusqu'à nos jours : ils plantent un arbre, un micocoulier, sur la place de la liberté. Ce symbole remplira son office puisqu'il est toujours vivant de nos jours.Signalons pour terminer que Serralongue a vu naître Pierre Talrich (1810-1880), poète, auteur de "Recorts del Rosselo", et par ailleurs propriétaire du Conjurador à son époque.